Super projet, merci beaucoup !
Je supporte financièrement avec plaisir.
(et atteindre les presque 60000€… bravo !)
J’ai quelques questions, et ensuite des inquiétudes, car je crains que le seul argument de framatube pour les producteurs de contenus soit un argument négatif
(i.e. on n’est pas youtube), ce qui IMHO n’est pas suffisant pour faire vivre une plateforme.
Du coups, pas de pétrole dans ce post, juste des idées (des bonnes, avec un peu de chance).
Et je m’adresse à je sais pas qui. Peut-être à tout le monde.
Qwant
Pourquoi ne pas demander de l’aide à Qwant pour faire un peu de réclame ? Ce projet vit avec une philosophie très proche de combat de l’hégémonie,
ils devraient se sentir au moins un peu concernés.
Je propose qwant, car depuis leur spot publicitaire, je connais de plus en plus de gens qui l’utilisent.
C’est devenu l’étendard du combat contre google dans bien des chaumières ; un public cible potentiel.
De manière plus générale, pourquoi ne pas investir un peu des dons dans une petite campagne de pub ?
De mon point de vue, c’est clairement la visibilité qui manque à framasoft ; le projet est encore très confidentiel, malgré les quelques relais par des médias nationaux.
Dans la série des idées aléatoires, quid d’héberger la publicité virale de qwant dans l’instance de démo de peertube ?
Elle est dans la droite lignée de peertube, aussi (:
Les producteurs de contenu sont les cibles N°1
Ça a déjà été abordé, mais je doute que ce soit pris suffisamment au sérieux : il faut que des producteurs de contenus soient plus «qu’intéressés par l’idée».
Ce sont eux (et uniquement eux) qui donneront de la valeur à la plateforme.
De leur point de vue, ce serait passer d’une solution gratuite, très utilisée par leur public, à une solution probablement non gratuite (hé, l’hébergement ça coûte un peu), possiblement complexe et a priori peu intéressante (pas de pub intégrée, c’est probablement le gros point noir, même si l’effet est placebo plus qu’autre chose, d’après les commentaires plus haut ; l’autre gros point noir, c’est la visibilité globale, car les personnes qui traînent sur youtube sont nombreuses, celles qui traînent sur framatube le seront certainement beaucoup moins).
Je pense qu’un programme généralisé devrait voir le jour : un groupe de discussion, avec les producteurs de contenus,
pour les encourager et les aider (vraiment, j’insiste sur le verbe aider) à graduellement changer de plateforme de diffusion (ou les multiplier).
Appelons start-hub une plateforme (centralisée dans un premier temps, donc), entretenue par quelques personnes, où les producteurs de contenus intéressés pourraient héberger leur contenu,
et pourquoi pas migrer plus durablement en attendant d’avoir leur propre instance ?
Framatube a un avantage énorme sur youtube (le seul, d’ailleurs, du point de vue des utilisateurs) : c’est l’indépendance d’une plateforme centralisée.
Une plateforme dédiée comme start-hub semble évidemment relever du sophisme : ce serait une (petite) plateforme centralisée à la place d’une grosse.
Pour reprendre des termes du début des années 2000, ce n’est qu’une solution tremplin ; l’objectif étant de les encourager à déployer leur serveur (auto-hébergés ou pas) eux-même, plus tard.
Ça fait écho avec Contributopia.
Bibliographie
Le seul exemple de migration que je connaisse, c’est Karim Debbache qui est passé (durablement) de youtube à dailymotion.
C’est centralisé vers centralisé, mais ça montre que c’est possible, du moins pour un producteur de contenu qui peut segmenter ses vidéos
(car le nombre de vidéo dans son projet est fini, contrairement à la majorité qui ne prévoit pas d’arrêter un format de vidéo particuliers au bout de N épisode).
Beaucoup d’autres youtubeurs en parlent sans l’avoir encore fait, ou alors publient leur vidéos sur les deux médias. Il y a un créneau à prendre.
Je pense que c’est aussi à nous de les encourager dans ce sens, et de leur proposer un véritable accueil.
Je suis personnellement convaincu que la majorité des paramètres qui entrent en compte dans la volonté d’un producteur de contenu ne relèvent pas du domaine purement social/philosophique.
Et pour le moment, et c’est ça qui m’inquiète, framatube se vend uniquement là-dessus.
Le problème du problème non technique
L’exemple typique, c’est le nombre de vues perdu.
Ça paraît con, mais quand vous changez de plateforme, et que sur la nouvelle vos anciennes vidéos ont un million de vues sur youtube et 10 sur framatube, c’est un peu la misère. Ça donne pas envie de donner un lien vers sa page framatube, et psychologiquement, c’est dur de considérer une cabane en bois comme son nouveau chez-soi quand son château avec des trompettes est pas loin.
Je n’ai pas de solutions miracles, mais voici quelques pistes :
- une vidéo importée de youtube importe également les vues et les likes : c’est bourrins, ça marche a peu près, mais il y aura une divergence en youtube et framatube assez rapidement ; simple mais pas idéal IMHO.
- indiquer, lorsqu’une vidéo vient d’une autre plateforme, le nombre de vues sur ladite plateforme, par exemple youtube. Marche pour toute autre métrique. (ça me plaît vachement mieux, mais est plus compliqué et coûteux)
- une solution intermédiaire : afficher un message du style lors de l’import de cette vidéo depuis youtube, elle totalisait XXX vues sur youtube en N années d’existence.
Le point ici, ce n’est pas de proposer d’avoir optionnellement une métrique d’un autre site, cachée dans l’interface,
mais bien de pouvoir utiliser le nombre de vue sur une autre plateforme comme argument de vente.
Le nombre de vues est certes une métrique tyrannique, mais les producteurs de contenu en ont besoin.
Les non-problèmes techniques : attirer plutôt que tracter
On peut assez facilement contacter quelques producteurs de contenu pour savoir quelle killing features ils attendent de youtube ou de leur plateforme de diffusion en général.
Et doubler youtube sur cette feature, car un projet comme framatube peu beaucoup plus facilement innover.
Quelques idées qui me viennent tout de suite :
- upload des vidéos via torrent. J’entends régulièrement parler de youtubeurs qui doivent retarder la mise en ligne d’une vidéo longue, parce que l’upload s’est interrompu. Ce problème n’existe pas avec les torrents. Et c’est même fou qu’avec cette techno, si deux membres d’un crew uploadent la même vidéo, ça va aller deux fois plus vite (si le goulot d’étranglement c’est l’ADSL côté client).
- upload des vidéos via id youtube/viméo/daylimotion. youtube-dl côté serveur, en automatique. Côté end-user c’est magique, je met l’id youtube d’une playlist ou d’une vidéo, j’attend un peu, c’est bon. C’est pour moi un must-have pour les producteurs qui veulent déménager.
- modification a posteriori de la vidéo par upload d’une sous partie du fichier (j’y connais rien en format vidéo, mais si un changement dans la vidéo n’impacte qu’une partie du fichier, il est certainement possible de ne réuploader que les parties changées).
- formats ouverts et API dédiée pour les sous-titres, les annotations, les descriptions, les playlists : framasoft a certainement autre chose à faire que de dev une interface pour modifier les sous-titre d’une vidéo. Alors faites une API à la place. D’autres pourront alors faire ça, en se basant sur leur besoin. Imaginez un écosystème gravitant autour de framatube. J’ai bien envie de dire que ça devrait être pareil pour tout, y compris la gestion de compte… Mais déjà, la gestion des textes, images, ce serait pas mal. La gestion des playlists avec un fichier texte de format simple, ouvert sur mon PC en local avec mon éditeur de texte préféré, et uploadé sur le serveur, ça me paraît génial. Vachement plus simple que de me faire chier à chercher et sélectionner des vidéos sur une interface web lente et pleine d’artifices.
- penser au créateurs de contenus non vidéo : quid d’autoriser l’upload d’un fichier son, et d’une ou plusieurs images à afficher (avec les timecodes pour chacune, le cas échéant) ?
- recommandations manuelles : l’engine de recommandations est suffisamment maligne pour proposer l’épisode 4 d’une série quand l’utilisateur a terminé le 3. Mais peut-être le producteur de contenu aura-t-il des indications à donner ? D’autres vidéos qu’il sait en rapport avec le sujet ?
- linking de vidéos : un producteur de vidéo pourrait vouloir donner des liens vers d’autres vidéos ; c’est très souvent le cas. Pourquoi ne pas intégrer ça dans l’interface, plutôt que laisser les producteurs de contenu le faire à la mano (avant c’était «en bas dans la description», en ce moment c’est plutôt «je vous mettrais un lien quelque part sur l’écran»).
- commentaires contrôlables : bien des producteurs de contenus se plaignent de l’interface youtube pour les commentaires (et certains diront que ce design est à dessein) : les commentaires sont difficiles à parcourir, et les bons commentaires souvent perdus dans la masse des mauvais. Quid d’une amélioration de ce système ? Un système d’arbre comme sur reddit ? Donner au producteur de contenu la capacité de filtrer les commentaires répondant à certaines condition (exemple innocent : ne contient pas «first» en unique mot ; exemple moins innocent : contient le hashtag #concoursgénial).
- Pour rejoindre l’idée 3, pourquoi ne pas pouvoir récupérer les commentaires sous forme d’un fichier ? Tellement plus simple de compter le nombre de participant à un concours avec un éditeur de texte et ctrl-f plutôt qu’avec une interface web qu’on doit faire défiler manuellement.
- Permettre de remplacer/déplacer le système de commentaires d’une vidéo ou série de vidéo en particulier par un lien vers un framapad, framacolibri, framaforms, arguman, ou framamind ? Ce serais tellement puissant pour les producteurs qui utilisent les commentaires pour une raison particulière (concours, question, débat, etc…).
- une intégration de sam-network ? Ou d’un principe proche ?
- téléchargement (en torrent) depuis l’interface, de la vidéo ou du son. Pas besoin de passer par youtube-dl ou consort, sauf pour automatisation.
- plus de métriques que le nombre de vues ; les producteurs de contenu pourraient aussi bénéficier d’un accès aux rapports (même partiels) de piwik.
Accompagner plutôt qu’inviter
Ce gros paquet de texte est là pour une seule et unique raison : les producteurs de contenu doivent migrer.
Sans eux, framatube ne fera pas mieux que mediagoblin, qui est, il faut le reconnaître, peu actif, peu usité, peu connu, bref, une bonne idée qui n’a pas décollé.
Mastodon a plutôt bien réussi, puisque chacun est son producteur de contenu ; ce n’est pas pareil pour la vidéo, tout le monde n’en fait pas,
et la majorité se contente de regarder. Il va falloir faire (beaucoup) mieux pour réussir au moins aussi bien.
À ¬framasoft
Vous êtes producteur de contenu : préparez votre migration sur framatube, même si pour le moment c’est principalement psychologique,
et profitez du début pour participer à la discussion et expliciter ce que vous attendez d’une plateforme de diffusion.
Vous n’êtes pas producteur de contenu : parlez de framatube aux producteurs de contenus, et préparez vous psychologiquement à changer vos marque-pages. Ça peut venir de vous aussi.
À framasoft
Ok, tout ça, c’est peut-être bien au-delà de ce que vous voulez faire. Peut-être que ça dépasse complètement le cadre du projet.
Mais dans ce cas, j’espère vous avoir convaincu d’aider au mieux ceux qui voudraient étudier la question.
Pour vendre le projet, je pense que si la feature est sociale/philosophique («décentralisé», «libre»),
il vaut mieux ne pas en parler avant d’avoir parlé du reste, qui est certes une conséquence, mais qui n’est pas évident pour ceux qui ne comprennent pas l’informatique
(«pas de censure morale», «conservations des méta-données lors d’un import», «vous pouvez mettre vous-même la main à la pâte pour avoir ce que vous voulez»).
Les features actuellement vendues sont une considération de second ordre pour ceux qui vont faire vivre la (leur) plateforme.
Ce qu’il veulent, c’est un bouton upload et un accès facilité pour leur public (pas seulement facile, notez la différence).
Le reste, c’est du bonus.
Bonne journée !