Alternative Facebook

Bonjour Framasoft

Comme de nombreuses personnes, je suis bouleversé par l’actualité mondiale. Je me suis inscrit sur le site Boycott USA, ce qui m’a permis de découvrir des tas de choses passionnantes comme les alternatives existantes aux réseaux sociaux dominants (je me suis inscrit sur Mastodon, diaspora*…), le site european-alternatives.eu ou… votre existence.

Je suis un usager passionné de facebook, parce que j’ai vécu 20 ans au Maroc avec un entourage très jeune et multiculturel et que je me suis retrouvé retraité à la campagne, entouré de vieux blancs et assez isolé. Facebook permet de palier à ma vie relationnelle et j’échange avec mes amis ce que je le partagerais avec eux si je les voyais au quotidien : des nouvelles de mes poules et de mon jardin, les films que j’ai vu et qui me touchent, les anecdotes drôles du quotidien, mes analyses de l’actualité.

Mais beaucoup de choses m’irritent au sujet de ce réseau et autre GAFA : les intox et les manipulations russes qui y circulent, les invectives dans les commentaires, les contenus valorisés juste pour nous rendre accro et, sur un plan politique, la mainmise américaine sur le numérique et les réseaux sociaux, leurs pratiques fiscales…

La question de l’alternative à facebook me turlupine. J’ai 66 ans, je suis BAC-2, ne suis pas informaticien, ne suis pas un geek, je n’ai donc aucune compétence à revendiquer. Mais j’ai quand même créé plusieurs sites (et probablement un des tous premiers au Maroc, en 97) et j’ai déjà tenté de créer un réseau social, ce qui me donne une vision plus aiguë. Quand je vivais au Maroc, je voyais que les membres de la communauté LGBT étaient confrontés à certains dangers, y compris sur les sites de rencontres, et je cherchais un moyen d’y parer. D’où l’idée d’un réseau par cooptation ; j’en avais parlé à des jeunes informaticiens et je les avais vu tilter à l’idée ; plus tard j’ai appris que ‹ ‹ gens de confiance › › fonctionnait sur ce principe.

Je me suis planté sur deux aspects. Le modèle économique : pour apporter une pleine sécurité, le réseau devait être fermé, ce qui excluait le financement par la pub. Mais un financement par abonnement, même très peu onéreux (en tablant sur une mutualisation entre pays européens et africains), était un non sens : à cause du niveau de vie très très bas au Maroc, la non généralisation des modes de paiement magnétiques, des concurrents gratuits… Mais, avant cela, s’est posé la question de l’amorçage : comment motiver des gens à aller sur un réseau où il y a personne au départ ?

En fait, une contrainte extérieure m’a stoppé net dans mon élan : les autorités ne sont pas spécifiquement homophobes mais le contre pouvoir islamiste compte : je me suis exprimé pour présenter mon projet sur un group facebook fermé… mais infiltré. J’ai été expulsé du Maroc.

Quelle alternative à Facebook ?

Vous vous êtes certainement posé la question. D’ailleurs j’ai vu une vidéo sur Peertube, je crois, où l’une de vous exposait les difficultés, même pour les personnes lucides sur les ambiguïtés des réseaux dominants, de faire le pas et passer à une solution alternative.

Je me permets de vous soumettre mes propres réflexions. Il peut y avoir quelques critères pour que le public le plus engagé puisse préférer un autre réseau.

Qu’il soit Européen. Le contexte actuel fait de cette question, une opportunité. Qu’il ne participe pas à l’évasion fiscale, au pillage de la presse.

Qu’il soit à but non lucratif. Que le cadre juridique empêche l’appropriation par un groupe financier, comme pour X, avec des projets anti-démocratique à la clef. Plus concrètement : afin qu’on ne pille pas nos données personnelles, ne développe pas les addictions par intérêt mercantile.

On ne va pas réinventer facebook, mais nous pouvons aspirer à deux inflexions :

Que le réseau soit recentré sur les amis. C’est un retour en arrière par rapport à facebook mais je doute que la majorité des usagers soient satisfaits que les posts des amis soient noyées par rapport à des publications suggérées ou sponsorisées. Le ‹ ‹ Fil › › le permet mais il est relégué en second plan. Mieux : il faut que les échanges privés soient vraiment protégés et que l’usager puisse construire plusieurs cercles de diffusion (famille, collègues, personnes avec une passion en commun, gens du coin…). En fait, je pars d’une problématique personnelle : je m’exprime beaucoup sur facebook, or il y a de multiples sujets où je me censure parce qu’ils sont inaudibles par certains amis ; certains sujets n’intéressent que les gens du coin, d’autres que mes contacts au Maroc, d’autres mes amis gays. J’ai vu récemment que diaspora* propose cette possibilité mais ce n’est pas intuitif.

Qu’un flux soit local. Je vois peut-être les choses sous le prisme rural qui est mon contexte mais, partout sur le territoire, des milliers de gens, des élus et des associations se mobilisent pour les faire vivre. Or, pour connaître un événement local (réunions publiques, concerts, festivals…) via facebook, il faut être abonné à la structure existante ou que des amis en partagent l’information. Un flux ouvert de publications locales serait un formidable tremplin pour toutes ces initiatives.

Surtout, je crois que la condition pour la réussite d’un réseau social de proximité repose sur la méthode de sa mise en œuvre. Un réseau social de proximité doit se construire collectivement, d’abord avec ses amis et localement.

Qu’il soit participatif. Pas seulement en open source mais que les usagers soient consultés, qu’ils aient le contrôle effectif. Actuellement les inflexions (contre le harcèlement, les contenus violents, se font sous la pression des instances européennes, ce qui est beaucoup trop long). A l’inverse, un projet participatif permettrait de mobiliser de nombreuses personnes. Participatif, c’est aussi permettre aux usagers de paramétrer au plus près leurs flux, leurs cercles d’amis.

Qu’il soit construit localement. En fait, il y a deux solutions pour construire un réseau : des moyens énormes ou un projet qui commence petit, s’implante localement, puis s’étend. Mark Zukerberg a d’abord fait un tabac dans son université. C’est l’idée à laquelle je crois : pour construire ce réseau, il faut le faire à l’échelle d’un (ou plusieurs) petit(s) territoire(s) : aller rencontrer les élus, les associations, les motiver sur les enjeux du projet et leur faire voir le bénéfice qu’ils pourraient en tirer : mieux communiquer localement. Puis valoriser dans les médias, cette expérience.

Qu’il s’étende géographiquement. Arriver sur un réseau où on ne connait personne (mon cas actuellement sur diaspora*) décourage d’emblée. C’est là que la cooptation peut offrir un avantage. Quiconque arrivera sur le réseau aura la certitude d’y avoir déjà des contacts. Mieux, en demandant aux invitants de paramétrer le code postal de l’invité, le réseau, pourrait n’autoriser que les invitations locales afin de densifier l’implantation. Puis, petit à petit, il élargira la zone d’activité.

J’aurai aimé votre feedback sur ma réflexion mais surtout, si je vois bien qui et comment, au niveau local, il est possible d’embarquer des gens pour alimenter le réseau, sur la question plus technique (élaborer les fonctionnalités d’une version alpha d’un réseau, développer le cahier des charges, etc…), c’est plus compliqué car je suis trop isolé. Je ne cherche pas seulement des gens branchés informatique mais des personnes motivées par cette aventure. J’ai tenté avant hier une publication sur ‹ ‹ Boycott USA › › qui n’est pas validée (je sais qu’ils sont submergés par les sollicitations / peut-être la considèrent t’ils hors sujet). Peut-être saurez vous m’orienter…

Amitiés à tous.

Il y a quelques jours, j’exposais mon projet d’un groupe pour réfléchir à une alternative à Facebook et mon absence de relais pour cette info. Finalement le groupe Boycott USA a relayé mon post. Beaucoup, beaucoup de like mais quelques touches seulement ; pour commencer, ça peut suffire mais d’autres volontaires sont bienvenus. Des membres de Framasoft en particulier…
Le groupe est : https://www.facebook.com/groups/rezo35

Trois grands axes pour ce projet :

  • Créer le projet sur un mode participatif ; les usagers seront les propriétaires du réseau.
  • Retrouver l’esprit initial de facebook : nourrir son groupe d’amis, protéger les échanges privés
  • Privilégier les échanges de proximité, en particulier avec un flux consacré à l’agenda culturel, associatif et des collectivités autour de chez soi.

Amitiés à tous