Bonjour et merci à la fois de la démarche et de tout ce travail des étudiant·es.
Déjà j’ai le sentiment que l’ensemble des étudiant·es ont compris et intégré dans leur réponse les valeurs qui font l’identité de Framasoft. Je ne vois pas de groupe qui soit vraiment tombé dans les écueils d’aller trop vers les clichés visuels autour du numérique (qu’il soit bleu startup nation, gris-lisse à la Apple, ou noir & vert Matrix).
Par exemple, une des boussoles de travail qu’on a avec David Revoy (l’illustrateur qui nous accompagne depuis 2017), c’est de ne jamais montrer ce que l’outil fait (avec claviers, écrans, etc.), mais ce qu’il permet de faire (collaborer ensemble, se retrouver, orchestrer sa pensée, etc.). Cet axe là a clairement été compris et intégré par les groupes.
Le premier groupe garde l’identité du pingouin/manchot, ce qui a en effet son importance « historique » : en LSF, par exemple, le signe pour Framasoft est de dessiner un grand bec d’oiseau devant son visage. (a posteriori, je vois aussi une mascotte « pinchot » en haut de la home page du deuxième groupe, désolé de ne pas l’avoir repéré de suite)
Les trois groupes reprennent d’une manière ou l’autre les animaux meugnons, ce qui là aussi est bien joué. Ils nous servent d’une part à instaurer un rapport sympathique et détendu avec le numérique libre/éthique. Ils montrent qu’on est dans un rapport plus artisanal et chaleureux de petit collectif, que dans un rapport froid lisse et pro rassurant les « cadres sup ». D’autre part, ils permettent aux bénéficiaires et utilisateurices de s’identifier dans une diversité sans forcer visuellement la représentativité artificelle (et reproduire les clichés des vieilles pubs « united colors of benetton »).
La rondeur des polices de titraille des trois groupes (lisibles, mais du coup chaleureuses, amicales) est elle aussi bien jouée.
J’avoue que j’ai plus de mal à identifier les choix de couleurs des groupes 1 & 3 (très flashy) et ce qu’ils visent : qu’est-ce qu’elles permettent d’identifier ou quel rapport veut on instaurer avec le public ? Par exemple : sur notre site https://soutenir.framasoft.org, l’enjeu est de rassurer alors qu’on propose une interface de paiement « maison ». On utilise donc des couleurs douces, chaleureuses, calmes (saumon, etc.). Cette double proposition me fait me demander si les fluos et les contrastes forts ne sont pas ce qui est émergeant et excitant actuellement dans le monde du design graphique… et donc un moyen de répondre à la consigne de moderniser.
Du coup, le deuxième groupe est plus safe au niveau des couleurs, mais ça fonctionne, avec en plus un travail intéressant pour réduire et simplifier la palette (or simplifier et synthétiser c’est généralement plus compliqué, mais dans le cadre de Framasoft et des nombreux projets, c’est essentiel).
Un de nos enjeux, justement, c’est un branding fort. Nous utilisons l’effet de marque, avec regret mais en conscience, parce que « les marques rassurent », et qu’on souhaite rassurer les personnes qui veulent explorer des outils numériques libres. Nous avons aussi besoin d’aider les bénéficiaires à identifier que c’est la même asso derrière « Framapad » et « Framadate ».
En cela, le travail poussé de branding du premier groupe (ainsi que du troisième) est intéressant. Et avoir cette unité, cette identité repérable sur un réseau de site web me semble moins évident avec les proposition de mascottes-animaux du deuxième groupe (ce qui est un crève cœur car de travail est vraiment pensé et chou).
Enfin, je note un gros travail d’organisation de l’information dans l’espace du groupe deux (avec analyse du système de grilles pour la responsivité), ce qui est un vrai enjeu pour nous. Nous avons une culture plus « texte » que « visuel », et la circonstance aggravante qu’on sait que, sur une page web, on peut mettre autant de texte que l’on veut (ce qui n’est pas le cas sur une page papier).
C’est pour nous un vrai enjeu que de s’adapter à la culture visuelle du web, avec des infos synthétiques (quitte à se donner l’espace de longs murs de textes derrière un « en savoir plus »), beaucoup d’illus, et garder de l’espace vide : bravo de l’avoir travaillé.
Voilà pour les retours en vrac, y’a de belles propositions et beaucoup de compréhension sur le « qui nous sommes », ce qui est fondamental, donc bien joué aux groupes. Je pense que c’est en approfondissant le « à qui on s’adresse » et « dans quel but » que les propositions auraient pu être affinées, mais ça ça n’aurait été possible qu’avec plus de temps (et ça me semblerait injuste d’attendre cela d’un travail étudiant avec temps et moyens limités).