Reflexion sur les ntf et les licence libre

Bonjour,
Depuis quelques temps, on commence a pas mal entendre parler des ntf.

Bon, deux possibilités : soit j’ai mal compris le concept, soit c’est absurde. Si j’ai bien compris le principe: c’est d’inscrire dans une base de données décentralisée et sans valeur juridique une information comme quoi je suis l’unique possesseur d’une donnée quelconque (image, musique, tweet…). Pour être honnête, je comprends encore très mal la philosophie des ntf. Clairement posséder un « original », ne signifie rien en informatique. Elles n’empêches pas non plus la copie à l’identique, donc pas de risque de type DRM. Je serai presque tenter de me dire qu’il suffit de laisser les snobs s’amuser avec leur argent et leur ntf, pendant qu’on peut de notre côté utiliser le même fichier.

Mais il est évident qu’aucune licence libre n’as été pensée de manière à prendre en compte le cas des ntf. Dans l’absolu d’ailleurs, revendre sous forme de NTF une données n’enfreint aucune des libertés fondamentales de la philosophie du libre.

Cela dit je me demande s’il n’y a pas un risque tout de même. Il y a déjà eu quelques cas d’artistes libre spoliés, framasoft a écrit un article sur le sujet il y a peu de temps. Est-ce que juridiquement, la version ntf d’une copie d’un fichier pourrait être reconnu comme quelque chose de différent du même fichier sans ntf, par exemple. Est-ce que les licences libre sont assez protective pour éviter tout risque de spoliation par des individus « mal intentionnés » ?

J’avoue que je comprends encore peu le sujet. Ce que j’en comprends ne me parait pas crédible, mais je me rends bien compte que ça a pris une certaine importance.

Salut,

Je n’ai aucune maîtrise du sujet, donc c’est qu’une simple observation de ma part.

Une toute petite correction, d’abord, nous devons parler de NFT et pas de NTF :wink:

Je pense que nous devrions envisager ce sujet sur deux prismes: la certification de l’œuvre (quelle que soit sa forme) et celle de son propriétaire.

En premier lieu prenons le point de vue d’une œuvre physique.

Il est tout à fait possible de faire une copie d’une une œuvre physique mais il n’existe qu’une originale dans le monde physique. Cependant comment faire pour deviner l’originale de ses copies ? Nous pourrions nous baser sur les techniques ou les composants utilisés. Voire, d’autre éléments pour déterminer la véracité; comme, par exemple, en la comparant avec une autre certifiée du même artiste. Dès lors, on se base alors sur des avis d’experts. Ou bien, on peut relire l’histoire de l’œuvre. Je pense que c’est ce qui est un peu fait pour les productions anciennes, historiques, afin d’appuyer une plus forte certification d’authenticité. On recherche dans les écrits, le parcours, les bons de commandes, etc. Pour les plus récentes, on peut également se baser sur une autre forme d’information. Qui ont été les propriétaires. Je ne sais pas comment cela se passe réellement actuellement mais je subodore qu’il est histoire d’acte notarié d’une œuvre. Un peu comme l’acte notarié d’un logement; l’historique des propriétaires est archivé. Plus j’imagine quelques autres contraintes protocolaires afin de garantir que l’œuvre n’est pas usurpée entre-temps.

Je pense maintenant qu’avec cette légère extravagance de pensée, nous pouvons tenter de projeter cela sommairement au monde du numérique.

Tout d’abord, qu’est-ce qui fait qu’une œuvre numérique est le produit d’un artiste particulier ? Eh bien, c’est sa certification d’authenticité. Un objet numérique peut être signé numériquement, voire apposé un cachet dateur. Ces simples éléments fait que l’objet peut être authentifié unanimement et daté unilatéralement. (J’omets la technicité a escient car je ne crois pas que ce soit important ici; mais j’y reviendrai vaguement plus après)

Cela n’empêche aucunement la copie. En effet, la copie d’un fichier numérique signé et daté n’ôte aucunement ces deux qualités. Cela pourrait être contredit de façon protocolaire. Par exemple, la copie enlève systématiquement ces attributs. Mais intrinsèquement, un éléments binaire est facilement reproductible à l’identique. Là, les experts en technique ne pourraient jamais faire la différence entre l’originale et la copie.

Mais là n’est pas le point de vue objectif qu’il faut avoir, je pense. En effet, nous n’avons pour l’instant pas parlé de l’authentification du propriétaire. Car le but n’est pas d’être sûr que c’est la production originale mais que l’originale appartient bien à une personne en particulier. Et là, c’est là qu’intervient le NFT, d’après moi. Le NFT a pour but de garantir le propriétaire de l’œuvre. (Voire de véhiculer l’historique des propriétaires) Et pour ce faire, elle se base sur le principe de blockchain. De ce que j’en ai compris, la blockchain permet de valider des transactions de manière (hautement?) infalsifiable. Or, une passation d’acte de propriété est une transaction.

La boucle est bouclée. La signature et le cachet dateur de l’œuvre numérique permet de déterminer qui l’a produite et quand. La blockchain permet de dire qu’elle appartient à telle personne.

Ouais, OK, Pali, mais comment faire la distinction entre l’œuvre originale et sa copie !? On peut mettre la copie en vente en faisant croire que c’est l’œuvre originale.

Ah cette question, je répondrai par cette supposition: il faut bien, qu’à un moment ou à un autre, l’auteur dépose son produit à la vente.

Tadââm ! C’est magique ! En effet, si une blockchain valide les transaction des « actes de propriété » alors nous devrions revenir au propriétaire principal, autrement dit l’auteur, en remontant l’historique. Il faudrait pour cela que la primo transaction soit signée par l’auteur même. Donc, le produit est garanti par signature et la transaction également. Ceci, afin d’unifier les deux prismes.

De plus, prenons le cas du bitcoin (et je suppute ici encore car je n’ai jamais vraiment pris le temps de comprendre comment cela fonctionne techniquement). J’entends parler de « portefeuille ». Ce qui voudrait dire que la valeur appartient à une et une seule personne. Les personnes qui sont intéressée sur ce sujet, ont déjà connu des histoires de vols ou de perte de portefeuille. Ce qui tend à dire que si le portefeuille n’est plus disponible, la valeur n’est plus accessible. Donc, cela donne une certaine forme de réalité à un élément virtuel. Ce qui permettrait, par symétrie, de donner également une valeur réelle à un ouvrage virtuel.

Mais le bât blesse. Tout ceci repose donc sur un rapport de confiance. Les certificats numériques (signature, cachet dateur) sont issus et/ou validés par des autorités de certifications. Il faut donc leur faire confiance aveuglément. Bien que dans ce cas-ci, vu que les systèmes informatiques actuels sont pour la plupart basés sur cet éléments techniques, on peut avoir une assez grande confiance. Pareil pour la propriété de l’œuvre. Le système de crypto-monnaie est largement utilisé et relativement bien construite pour établir une confiance réelle. (Bien qu’en toute objectivité, tous les systèmes humains se basent sur un rapport de confiance)

Un des défaut du système, c’est que c’est exactement ça: un système. Il sera difficile, d’après moi, de faire transiter un produit d’un système de validation à un autre. Parlons en places de marché (vu que le but au final est une fluctuation de bien). Disons qu’un produit est valide dans un marché A. Comment pourrait-il passer dans un marché B ? Pour cela il faut passer par des intermédiaires de confiances. (Encore un niveau de confiance supplémentaire :stuck_out_tongue_winking_eye:) Je pense qu’il est possible de passer d’Etherum à Bitcoin. D’ailleurs, il me semble qu’on peut même les échanger contre espèces sonnantes. Oui, on parle des marchés d’échange avec leur lot de tractations, taux de conversion, etc.

Mais le plus étrange dans le système (maladroitement ? incorrectement ?) ici décrit, c’est qu’il est possible à l’auteur de mettre sa création dans différents marchés. Est-ce un bien ou un mal ? Difficile à dire. Pourrait-on comparer ça à de la multipropriété ? L’auteur à le droit d’usus, de fructus et d’abusus de sa création. Il est seul maître de la possible diffusion, reproduction. A moins, bien entendu, d’avoir cédé ces droits. Ah bien tiens, on en arrive au DADVSI… Je ne m’engagerai pas dans cette voie. Mis à part une mise en bouche sur la question de la manière d’intégrer cela dans le système NFT.

Mais il se fait tard et mon texte est déjà bien long pour une simple réflexion qui, je rappelle, provient de quelqu’un qui n’a qu’une vue très externe sur le sujet mais qui voulait tout de même poser des bases de cogitation à d’autres. Je vais donc terminer mon égarement sur un dernier points que j’aimerais aborder.

L’usage finale du NFT. On peut dire que c’est de la spéculation, de l’onanisme financier ou une beauté d’inventivité. Peu importe, j’aimerai dire. C’est déjà le cas pour autre choses, d’après moi. Prenons l’exemple de l’homme le plus riche du monde. L’est-il parce qu’il est le plus intelligent ? Ou bien l’est-il pour son charisme ? Peu importe, encore. Des personnes misent sur lui. Ils spéculent sur sa réussite. Voilà, le résultat, son usage final. Que ce soit bien ou pas, reste un débat personnel. Je parle bien du fait qu’on mise sur lui qui doit être débattue intimement; pas sur la forme de cette valeur. Je vais étayer mes propos par un autre exemple d’actualité. On peut avoir un débat intérieur sur le fait miser sur le nucléaire ou sur les énergies fossiles mais le choix doit faire partie d’un débat public. Pour le propos qui nous occupe ici, j’aimerais dire qu’on peut avoir un avis personnel sur la spéculation des produits numériques mais qu’on ne devrait pas le faire sur la manière de la mettre en pratique. Électricité consommé, pollution, etc. (Mais je ne dis pas que ce soit le cas, juste que cela devrait être un débat public)

Bravo aux personnes ayant lu tout ceci.

[TDLC]

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Les NFT qui ressemblent à des canulars dans l’Internet actuel sont les précurseurs d’un nouveau système d’information… Un Internet ou toutes les données sont hashées, chiffrées, signées… Le cypherWeb, ou metavers. Un espace numérique à 4 dimensions comme le préfigure IPFS.

Demain il faudra posséder une identité numérique unique et valable pour rejoindre la marché des « crypto assets » (actifs numériques chiffrés) que nous allons devenir autorisé ou non à jouer au jeu de société.

Bonjour @9d4f1d70c5
Je n’écrirai pas un truc aussi long que @PaliPalo (oui, j’ai été jusqu’au bout et c’était intéressant) je vais juste te renvoyer sur un article très clair et facile à comprendre de @bortzmeyer où tu y trouveras même le cri de colère de David Revoy (en Anglais).
Bonne lecture,

L’article en question est Blog Stéphane Bortzmeyer: Deux mots sur les NFT

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Oups ! c’est vrai que c’est mieux avec le lien vers l’article ! :wink:
Merci Stéphane !

Merci,
J’étais déjà tombé sur cet article. Mais justement, ce que j’en comprends, c’est qu’un NFT consiste simplement à inscrire dans un catalogue (une blockchain en l’occurence) « machintruc est propriétaire du fichier ayant pour hash 7cf1e2f909568d75d90dae2c72f2eaccd6aa65d15a889bbefb4d3c1b98e3ce5d ». Tout en empêchant pas ledit fichier d’être dupliqué, partagé et réutilisé. Ce qui pose diverse question.
Peut-il y avoir une reconnaissance juridique ? Si oui, comment faire s’il y a contradiction entre la blockchain et le droit (ex: texte soumis au droit d’auteur et tokenisé par quelqu’un d’autre, logiciel libre tokenisé par une entreprise privée) ? Voir même contradiction entre deux blockchains ?
Si pas de reconnaissance juridique, est-ce que ça peut avoir des applications concrète, je veux dire autre que la spéculation ?