Une charte de modération pour les médias sociaux de Framasoft

Ce post de blog nous permet de discuter de la Charte de modération pour les médias sociaux de Framasoft, présentée dans cet article.

Comme précisé dans le point 7 - Évolution de la Charte :

Toute « Charte de modération » reste imparfaite car il est très difficile de l’adapter à toutes les attentes. Nous restons à votre écoute afin de le faire vivre et de l’améliorer. Pour cela vous pouvez contacter les modérateurs et modératrices pour leur faire part de vos remarques.

Ce sujet est l’occasion pour nous d’écouter vos propositions d’améliorations et d’en discuter ensemble :slightly_smiling_face:

@meli_melo@social.wxcafe.net nous a écrit :

1er commentaire :

vu dans la charte : « … émotions (colère, dépression) »
La dépression n’est pas une émotion, c’est une maladie. Et même en cherchant ce que vous avez voulu dire, j’avoue ne pas comprendre cet exemple.
Pouvez-vous préciser, ou mieux, changer d’exemple ?

2e commentaire :

et j’ajoute ma voix aux gens qui signalent très justement que quasi plus personne ne parle de safe space et ne prétend maintenir un safe space. Nous avons appris de nos erreurs.
Il n’y a plus que nos « détracteurs » qui utilisent ces termes, systématiquement pour nous décrédibiliser, une façon de ne pas utiliser « SJW », enfin identifié comme une réthorique d’extrême-droite. Mais le concept est le même.

Merci pour ces remarques, nous les recopions ici pour les centraliser suite à sa proposition

Bonjour et merci pour cette initiative !

Certaines instances publient officiellement la liste des instances bloquées ou non fédérées pour les réseaux sociaux. Est-ce que c’est une bonne idée de le mettre dans la charte, ou alors de dire comment faire pour trouver cette liste ? Ce serait pour éviter de décevoir et de faire perdre du temps aux nouveaux/elles venu.e.s qui ne s’y attendraient pas.

Mamot dit : (https://mamot.fr/terms#charte) La liste des instances de la fédiverse bloquées par mamot.fr sera contenue aussi dans ce document, avec la date du blocage et la raison de ce dernier.
Ce document est public.

Bonjour et merci d’avoir pris le temps de rédiger cette charte, cela semble un travail nécessaire. Je me permets ce message car, néanmoins, plusieurs choses me chiffonnent :
La charte fait mention de la modération des blagues alimentant les oppressions systémiques. Vous mentionnez les “questions de genre, d’orientation sexuelle, d’apparence physique, de culture, de validité physique ou mentale, etc.” Je trouverai ça juste de définir ce qu’est une oppression et d’en faire une liste à volonté plus exhaustive.
Aussi, pourquoi se limiter à la modération des blagues ? Un grand nombre de discours sont offensants et alimentent ces discours, bien au delà des blagues. Je n’arrive vraiment pas à comprendre ce choix.

Enfin, Framasoft se présentant comme une association d’éducation populaire, je peux comprendre cette envie d’“avoir une mixité favorisant le dialogue” (au passage, définissons “mixité”, moi ça sonne comme de la langue de bois de mon côté). J’ai néanmoins du mal à ne pas y voir une grande naïveté concernant les possibilités de dialogue, notamment sur la question des oppressions. Pensez-vous vraiment avoir le temps et l’énergie de discuter avec tous les “oncles conservateurs” de l’instance pour qu’ils ne deviennent pas homophobes ? Et ceux qui le sont déjà, que leur direz-vous ? Et aux personnes LGBTQi de l’instance, vous leur direz quoi ? Qui va leur parler d’ailleurs ? Les futur.e.s modérateurices ?
Je comprends la volonté de pédagogie. Mais que vous ne voyiez pas l’urgence d’agir contre certains discours et certaines idées, notamment dans une démarche d’éduc pop, ça je ne me l’explique pas.

Je ne peux pas m’empêcher d’être déçue. Étant membre de l’instance Framapiaf, j’espère vraiment que cette charte va prendre une autre tournure. Sinon, je m’en irai, comme vous l’avez bien expliqué dans la charte, car je ne m’y reconnais pas. Je ne cherche pas une instance “safe” (qui n’existe pas hein, ne soyons pas naïf encore une fois), ni une instance pour “souffler et prendre des forces”. Je souhaite faire partie d’une communauté où la question des oppressions systémiques est bel et bien prise en compte.
Donc soyons ambitieuxses et engagé.e.s pour ne pas que Framapiaf devienne un repère d’oncles conservateurs.

Merci aux personnes qui ont pris le temps de nous faire un retour construit. Il y a beaucoup de bonnes remarques et elles vont permettre de faire évoluer la charte.

L’équipe s’occupant du sujet de la modération est un peu saturée et cela va nous demander du temps pour répondre à tout. Nous espérons arriver à formuler quelques réponses d’ici ce soir. Nous donnons la priorité à ce qui est relayé sur ce sujet du forum, même si nous lisons et répondront aussi à ce qui se dit sur les réseaux sociaux.

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bonjour

je trouve ca dommage que le “droit a l’erreur” ne soit pas plus pris en compte … voir imposé.

je m’explique … il peut arriver a une personne de bonne fois d’avoir de mots blessants … sans forcement vouloir blesser.

vous dites dans la charte :" Mais il est aussi possible que nous exécutions certaines de ces actions sans plus de justification :"
ben je trouve ca dommage … a mon avis, il est toujours preferable de discuter d’abord, prevenir ensuite et seulement enfin sevir …

Et quand a supprimer certains commentaires blessants … je trouve que ca aussi c’est pas une bonne chose.

Je prefererais qu’ils soient masqués avec une mention “contenu moderé” et qu’on puisse le lire quand meme en passant la souris dessus .
l’objectif etant de servir d’exemple… voir ce qui peut etre choquant et dans quel contexte…

Pour commencer, nous rappelons (ou informons), au vu des nombreuses réactions, qu’une proportion significative de nos membres sont queers et que l’homophobie les concernent particulièrement. Préjuger que nous ne sommes pas concerné·es et donc que nous serions laxistes avec les propos homophobes nous a blessé et semblé injuste. Nous mettons cela sur le compte d’une mésinterprétation de notre article de blog car la charte en elle-même ne nous semble pas particulièrement sujette à controverse sur ce sujet. Nous savons également que notre manque d’implication passé sur le sujet de la modération nourrit cette interprétation.

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La charte précise que nous n’aurons pas d’humour sur ces points spécifiques car il s’agit souvent du dernier argument utilisé par des personnes ayant des discours oppressifs « Non mais ça va, c’est que de l’humour ».

Le premier point de la charte précise que nous respectons le cadre légal. Ce qui implique forcément l’interdiction des propos homophobes. Nous avons souhaité renforcer ce que dit la loi en précisant que cela couvrirait aussi une homophobie plus larvée, comprenant ce qui pourrait être annoncé comme une « blague ».

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Notre volonté est de maintenir une instance où ce dialogue est possible. Ce n’est pas que le rôle de l’équipe de modération ou même de Framasoft de discuter avec tout le monde, car effectivement, nous ne sommes pas assez nombreu⋅ses pour ça. Mais dans les milliers d’interactions quotidiennes sur Framapiaf, nous voyons régulièrement des personnes en dehors de l’association qui interviennent pour informer de la réalité des oppressions, et qui sont entendues. Ajoutons à cela que la sensibilisation passe également par le fait de voir dans son fil d’actualités des messages de personnes sensibilisées. Même s’il n’y a pas un dialogue direct, cela aide à prendre conscience des discriminations et oppressions. Notre rôle, en tant qu’équipe de modération, est d’éviter que les paroles extrémistes parasitent ce dialogue. C’est justement là que nous agissons : en supprimant les propos inacceptables.

Si une personne a des propos problématiques, et que le dialogue nous semble possible, nous irons vers elle afin de lui expliquer en quoi ses propos ne sont pas tolérables, et pourquoi nous les avons modérés. Si ce dialogue ne peut avoir lieu, nous envisagerons des sanctions adaptées, pouvant aller jusqu’au bannissement du compte.

Envisager la discussion dans certains cas ne signifie aucunement que nous serons tolérant·es sur des propos oppressifs.

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L’utilisation du mot safe-space

Plusieurs remarques ont été formulées à propos de l’expression “safe space”. Elles tournent principalement autour du fait que les détracteur⋅ices détournent les sens des mots et leur attribue un autre sens. Sont concernés des mots comme “safe space”, “bienveillance”, “SJW”, entre autres.

Il nous semble regrettable d’abandonner des mots à celles et ceux qui les dénaturent. Au contraire, nous souhaitons nous les réapproprier, ne pas les laisser entre de mauvaises mains. Le mouvement queer a montré l’efficacité qu’il y a à se revendiquer de ce qui peut être considéré comme une insulte ; le mot “queer” lui-même, à la base, est d’ailleurs un mot chargé de connotation négative. Mais brandi avec fierté, il devient un étendard.

Un certain nombre des membres de Framasoft aiment les safe spaces, et les fréquentent. Que ces espaces s’affichent sous ce terme ou non, le fait est là : il s’agit d’espaces protégés où on peut souffler, parler de ce que nous vivons “dehors”, se sentir accepté dans nos différences, et où en principe on ne subit pas de pressions extérieures. Nous défendons le droit à l’existence de ces safe spaces. Et nous refusons de laisser le terme à celles et ceux qui le dévoient, qui confondent les safe spaces avec le communautarisme, le repli sur soi, l’infantilisation et autres termes peu élogieux et loin des buts des vrais safe spaces. Les safe spaces sont nécessaires pour toute personne qui est en dehors de la norme, qu’il s’agisse de norme de genre, de sexualité, de validité, de culture, etc.

Par contre, encore une fois, les espaces gérés par Framasoft n’ont pas vocation à être des safe spaces, mais à s’adresser au “grand public”.

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Bannir Gab, c’est dans la charte ?

Tout à fait !

Point 5 et en particulier "bannissement de compte ou d’instance, en cas de non-respect des CGU (usage abusif des services) ou de non-respect de cette charte.

NB : Dans le cadre du fediverse (Framapiaf, PeerTube, Mobilizon, …), nous pouvons masquer les contenus problématiques relayés sur notre instance, voir bloquer des instances problématiques, mais non agir directement sur les autres instances."

En gros, Gab est forcément contre notre charte et CGU puisqu’ils promeuvent un discours raciste (légalement interdit en France), donc en les bloquant nous évitons que des messages contraires à la loi soient relayés chez nous.

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Liste des instances bloquées

La liste des instances bloquées est disponible publiquement depuis un an. On trouve le lien sur la page de présentation du service Framapiaf : À propos - Framapiaf

Et la liste est là : Instances bloquées sur Framapiaf.org ($2077) · Snippets · GitLab

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Effectivement, la dépression est une maladie, merci d’avoir signalé cette incohérence. Cette partie soulevant des questions, nous allons la reformuler afin qu’elle soit plus claire !

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Okay, j’entends.
La discrimination basée sur le genre (par exemple) est proscrite. Mais les propos sexistes ne sont pas interdits par la loi. Si vous voulez renforcer ce que dit la loi, il va falloir aller plus loin que les blagues, désolée. Je pense que ma remarque reste pertinente.

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Nous parlons également des questions de genre, d’orientation sexuelle, d’apparence physique, de culture, de validité physique ou mentale, etc. dans la charte. Nous le précisons pour les blagues mais tous les propos de cette teneur seront modérés, blagues incluses. Nous allons le reformuler plus clairement, merci pour ce retour.

Je cite ici un point de la charte de mamot.fr qui me semble manquant dans votre charte :

Mastodon est un média social. Vous pouvez y fréquenter des ami·e·s et y croiser des inconnu·e·s. Dans la rue, on ne parle pas à ses ami·e·s de la même manière qu’aux inconnu·e·s. Cela vaut aussi pour la vie en ligne. Approchez les personnes que vous ne connaissez pas avec précaution et politesse. Ce n’est pas parce qu’un message traverse votre écran que vous devez nécessairement y répondre. Avant de mentionner une personne, demandez-vous si votre message mérite son temps, son attention et surtout si elle a envie de vous lire. Si une personne vous demande d’arrêter de la mentionner ou qu’elle exprime ne plus vouloir participer à une discussion, arrêtez immédiatement.

Vous dites certes « Respectez les refus, les « non », laissez les gens tranquilles s’iels ne veulent pas vous parler. » Toutefois, il me semble que les réponses qui ne semblent pas appelées par le message initial (qu’on ne ferait pas en conversation face-à-face par exemple telles que l’imposition d’une opinion que le message initial ne demandait en rien) devraient être explicitement citées comme non bienvenues.

Édit. : pour préciser, prenons le cas concret de personnes qui ont des opinions défavorables sur des sujets clivants comme, disons, l’écriture inclusive ou, plus gênant, les agressions queerphobes. Vous ne voulez pas modérer une personne pour ses opinions, soit, c’est un choix politique que vous faites, d’autres pourront en faire un autre et dans ce cas vos instances s’entendront sans doute assez mal (ce que la taille de Framapiaf rend problématique, mais c’est un autre sujet). Mais si ces opinions, sans être illégales ou formellement proscrites, sont clamées de manière répétitive à des personnes qui n’ont rien demandé ? Somme toute une telle attitude démontre une absence d’empathie, de désir de dialogue constructif et de bonne foi, et je pense qu’un tel comportement, si répété, devrait être modéré. Cela n’a pas été fait dans le passé.

Suggestion qui me semble assez lié au sujet pour la poster ici : tout ça prend des proportions importantes à cause de cette faiblesse fondamentale qu’est la trop grande taille de l’instance généraliste Framapiaf. Ça génère des relations de pouvoir (on hésite davantage à bloquer une grosse instance) qui aggravent les conséquences des désaccords politiques.

Dans le champ des instances généralistes il ne me semble pas désirable que certaines soient trop grosses. Je pense qu’il faudrait des actions concrètes. Par exemple, pourquoi une dizaine d’instances généralistes et bien maintenues ne pourraient pas s’accorder pour ouvrir leurs inscriptions de façon tournante, avec une période plus petite pour les plus grosses instances, pour réduire peu à peu le déséquilibre ?

Chaque instance pourrait afficher un message genre « nous faisons actuellement une pause dans nos inscriptions mais l’instance X est ouverte ! »

C’est une idée encore vague mais voilà, je pense que le travail sur la modération devrait s’accompagner d’une politique de décentralisation.

L’illustration de l’article

Précisons avant tout que Gee n’en est pas l’auteur (comme certaines personnes l’ont supposé), l’image a été faite grâce au logiciel (gknd-creator)[https://framalab.org/gknd-creator/].

Il se trouve qu’un certain nombre de personnes de l’association sont libristes ET queers ET neuroatypiques ET… plein d’autres choses.

Ces étiquettes ne nous semblent pas irréconciliables, et c’est justement parce que nous sommes quelques-un⋅es à nous définir avec que nous avons ri en voyant cette illustration. Nous avons ri, parce que cette image parle de nous, membres de Framasoft, parle de nos travers et montre nos contradictions internes, dans une dynamique absurde.

Elle a cependant blessé des gens et nous vous présentons nos excuses pour cela. Ce n’était pas notre intention.

Certains de nos membres se sont déjà fait insulter de “Social Justice Warrior” ou de “safiste”, tout autant que de “libriste”, d’où la récupération de ce vocabulaire dans l’illustration. Mais nous entendons que, sans être informés de notre intention, celle-ci puisse être perçue comme moqueuse.

Nous sommes cependant effaré⋅es et effrayé⋅es de voir ce qui a été projeté sur cette image, bien loin des intentions initiales de la personne qui l’a créée. Ce qui illustrait l’article, et donc les positions discordantes de l’association au fil du temps, s’est vu récupéré pour servir un discours moralisateur, loin de nos intentions et de notre perception du monde.

Nous espérons que cette explication clarifie notre position et notre intention sur ce sujet.

Comment ça se passe si vos règles rentrent en conflit avec celles d’une autre instance (ex: l’utilisation de CW)

Certaines instances ont des règles plus drastiques que les nôtres. Dans ce cas, les administrateur⋅ices des instances en questions ont plusieurs possibilités :

  • Bloquer l’instance entière, parce qu’il y a trop de contenu problématique. C’est ce que nous avons fait avec certaines instances dont le contenu était globalement contraire à la loi française, ou bien trop pénible à modérer. Dans ce cas, les membres des deux instances ne peuvent plus communiquer ensemble, même si certains étaient en contact auparavant.

  • Masquer l’instance. Les membres des deux instances peuvent continuer à discuter, mais les contenus postés sur l’instance masquée n’apparaîtront plus dans le fil public de la seconde instance. Les repartages d’autres personnes de contenus issus de cette instance n’apparaîtront pas non plus dans le fil local. En bref, les contenus sont toujours accessibles, mais plus visibles publiquement.

Vous pouvez aussi, sur votre propre compte, décider de masquer d’autres instances dont le contenu vous dérange.

Masquer une instance entière implique que :

  • vous ne verrez pas de contenus de cette instance sur les fils publics

  • vous ne verrez pas de repartages de contenus originaires de cette instance dans votre flux personnel

  • vous ne recevrez pas de notifications de cette instance

  • vous perdrez tous vos followers sur cette instance